Le centre de Sighisoara, magnifiquement préservé, est l’une des rares cités médiévales encore habitées en Europe.
Cette ville est également connue pour être le lieu de naissance du comte Vlad Tepes, alias Dracula l’Empaleur, en 1431, mais cet honneur est disputé à Sighisoara par une autre ville roumaine – Targoviste. Et quand parle d’« honneur », je le dis sans aucune ironie. En effet, il y a un monument à Dracula à Sighisoara, et l’on y trouve régulièrement des fleurs et des drapeaux nationaux.
Le comte, né dans les années 30 du XV siècle, était l’un des fils du prince Vlad II, surnommé Dracul (le Dragon) parce qu’il faisait partie de l’Ordre du Dragon, ordre de chevalerie qui luttait contre les païens et les mécréants. Il gouvernait la Valachie (futur noyau dur de la Roumanie), située entre la Transylvanie - peuplée de Magyars (Hongrois), et l’Empire Ottoman - peuplé de Turcs.
Vlad III Dracula a beaucoup œuvré pour l’indépendance de la Valachie de la Transylvanie et de l’Empire Ottoman, en refusant de payer le tribut aux Turcs. Il n’est pas surprenant que les Roumains aient gardé un souvenir positif de Dracula, puisque ce prince a protégé la Valachie – qui, par la suite, ferait partie de la Roumanie – contre les invasions hostiles des voisins. C’est pour cela que, même si les méthodes du compte étaient particulièrement sanglantes – par exemple, pour faire peur à ses ennemis, il empalait les soldats capturés – vous pouvez trouver en Roumanie plusieurs monument à sa gloire, y compris à Sighisoara.
La ville de Sighisoara a été habitée, à partir du XII siècle, principalement par des Allemands - les Saxons de Transylvanie. Le roi tolérait cette colonisation, parce que cette communauté était bien organisée et les Saxons protégeaient cette région contre les invasions, notamment mongoles. En 1241, quand les Mongols nomades sont venus en Europe, la population de Sighisoara a entouré la ville de remparts. La construction de ces fortifications a été payée par les corporations d’artisans de la ville.
Petit à petit, cette ville jadis florissante reste de plus en plus à l’écart du développement économique des temps modernes. Et c’est une bonne chose, parce que cela permet la préservation exceptionnelle de son centre historique.
Ses habitants d’origine allemande ont progressivement rejoint l’Allemagne à la suite des « plans de retour », développés en Allemagne à la fin du XX siècle. Maintenant la population de la ville est surtout roumaine – et, en petite partie, hongroise. Cependant, la mémoire de la longue période saxonne dans l’histoire de Sighisoara est toujours vivante dans le centre historique de la vieille ville. Cet ensemble urbain très bien préservé nous donne une excellente idée sur l’architecture civile et militaire du Moyen Age germanique transylvain. La ville a été mise sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1999. Tous les ans, en été, la citadelle accueille un festival médiéval.
Numéro 2 : Sibiu, une autre ville transylvaine. En 2007, cette ville a été élue capitale culturelle européenne.
L’histoire de cette ville est similaire à celle de la ville de Sighisoara. Sibiu a été fondé au XII siècle par des colons d’origine germanique, les Saxons de Transylvanie. Jusqu’au XIX siècle la population de la ville est restée principalement allemande. Ensuite, petit à petit elle s’est peuplée de Roumains et de Hongrois.
Déjà au Moyen Age, Sibiu était le centre culturel de la Transylvanie, avec des artisanats florissants.
À la fin du Moyen Age, la ville a été plusieurs fois assiégée par les Turcs-Ottomans, mais n’a jamais été occupée par eux. C’est pour cela que Sibiu a été appelée le « bastion de la chrétienté ».
Maintenant la ville est peuplée majoritairement de Roumains, avec une toute petite minorité allemande. Fait intéressant : Klaus Iohannis, le Président actuel roumain d’origine allemande, vient de Sibiu et a été maire de cette ville de 2000 à 2014.
Le centre historique de la ville est l’un des mieux préservés de toute l’Europe. Trop petite et considérée sans trop d’importance, la ville de Sibiu a pu échapper aux modifications urbanistiques du régime de Ceausescu.
Sibiu offre de beaux exemples d’architecture médiévale, et également renaissance et baroque. On y trouve des maisons à deux ou trois étages, construites aux XVII-XIX siècles, dont les lucarnes de forme oblongue ressemblent à des yeux, comme vous pouvez voir sur la photo en haut de ce texte. Les photographes aiment beaucoup ces bâtisses typiques de Sibiu, appelées « maisons avec des yeux », qui rendent le paysage urbain très original et photogénique.
En 2004, l’UNESCO a mis Sibiu sur la liste d’attente pour être inclus dans le patrimoine mondial de l’humanité. Cependant, Sibiu reste encore largement méconnu des touristes ; vous serez peut-être l’un de ses prochains visiteurs ?
Numéro 3 : la ville d’Oradea. Nous sommes toujours en Transylvanie, mais la frontière avec la Hongrie est à deux pas, plus précisément à une dizaine de kilomètres.
Budapest, la capitale hongroise (250 km), est plus proche d’Oradea que Bucarest (presque 600 km), la capitale roumaine. Sans surprise, cette ville dont les origines remontent au XII siècle, a été fondée par les Hongrois.
Au XVII siècle la ville tombe d’abord aux mains des Turcs-Ottomans, et ensuite est reprise par l’empire d’Autriche. C’est sous la domination autrichienne que la ville commence son essor. De nombreux bâtiments dans un style baroque sont construits au XVIII siècle. Au XIX siècle le développement d’Oradea s’accélère encore : un chemin de fer la relie à Budapest. Elle est alors surnommée par « Paris sur la rivière Pece ». De beaux exemples de style architectural ‘art nouveau’ y voient le jour.
Aujourd’hui, même si les Roumains restent majoritaires à Oradea, la communauté hongroise représente presque un quart de sa population.
Comme dans de nombreuses villes roumaines, d’importants travaux ont eu lieu dernièrement à Oradea, qui cherche à devenir encore plus attirante pour les touristes.
Numéro 4 : Alba Iulia – ville qui était jadis considérée la capitale politique et religieuse de la Principauté de Transylvanie.
Déjà quand la région de Dacie était une province de la Rome Antique, une cité importante existait à cet endroit. C’est pour cela qu’Alba Iulia est considérée comme l’une des villes les plus anciennes de Roumanie.
Au début du Moyen Age, c’est les Hongrois qui se sont installés à cet emplacement. Par la suite, ce territoire a été gouverné par l’empire Austro-Hongrois. C’est les Autrichiens qui y construisent, au XVIII siècle, une citadelle militaire en forme d’étoile qui compte 7 bastions et 4 portes et ressemble, à s’y méprendre, aux forteresses de Vauban.
Le 1 décembre 1918, Alba Iulia a acquis une grande signification symbolique dans le pays entier, parce que c’est ici que l’Union de tous les Roumains, qui proclamait la naissance de la « Grande Roumanie », a été scellée. Par ce traité, la Transylvanie a été définitivement rattachée à la Roumanie. Depuis, le 1 décembre est la Fête Nationale de la Roumanie.
Les monuments historiques de la ville d’Alba Iulia, y compris les fortifications, sont très bien conservées. Alba Iulia, où les églises orthodoxes côtoient les églises catholiques, présente un grand intérêt touristique du point de vue de sa double culture roumaine et hongroise.
Numéro 5 : Brasov. La visite de cette ville, située au pied des Carpates, nous amène à nouveau en Transylvanie.
La ville a été fondée au XIII siècle par des chevaliers de l’Ordre Teutonique, afin de protéger cette région contre les invasions tatares et mongols, venant de l’Europe de l’Est. Par la suite, les chevaliers ont été remplacés par des Saxons germanophones, appartenant à la bourgeoisie marchande d’origine allemande. Cette prédominance de population d’origine allemande a duré jusqu’au début du XX siècle, où les Roumains sont devenus majoritaires.
Aux XVI-XVII siècles, la ville de Brasov connaît un grand essor économique, se trouvant sur la route qui menait de Constantinople vers la Baltique. C’est à ce moment-là que de nombreux bâtiments ont été construits à Brasov. Nous pouvons toujours admirer leurs façades de couleurs vives au centre-ville.
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive. En plus, elle ne comprend que des villes, tandis que la campagne roumaine mérite un détour, et les trésors naturels de Roumanie aussi. Si vous avez d’autres idées de visite, faites-nous-en part dans vos commentaires !