Cependant, il ne faut pas penser que les poèmes et les sculptures de ce cimetière multicolore ne véhiculent aucune tristesse. Très souvent, le chagrin de la vie dure des défunts – et de leur mort parfois prématurée – apparaît vivement dans les dessins presque enfantins et les vers naïfs. Ce qui est cependant intéressant, c’est que le départ pour l’au-delà y est vu comme un évènement naturel.
« Passants qui me regardez / Sachez que mes belles journées / Étaient quand mes frères jouaient / et moi je leur dansais / Mais juste avant le mariage / La mort m’a pris en otage »
Aujourd’hui, le cimetière de Sapanta compte plus de 800 monuments d’art populaire, ce qui en fait un véritable musée en plein air. La nuance de bleu des croix est tellement particulière, qu’elle a même été surnommée « le bleu de Sapanta ». Les épitaphes qui résument en dialecte local les occupations du défunt – avec les dessins qui les accompagnent - peuvent être considérées comme l’encyclopédie de la vie rurale roumaine de cette région recouverte de forêts mystérieuses et impénétrables.