Si l’on vous demande qui sont les Roumains célèbres dont l’œuvre est à jamais liée à la France, qui mentionnerez-vous en premier ? Sûrement, Eugène Ionesco ! Ce dramaturge du théâtre de l’absurde est né en Roumanie en 1909 de père roumain et de mère d’origine française. C’est tout d’abord sa mère qui lui a appris le français ; par la suite, la famille a vécu pendant un certain temps entre la France et la Roumanie. Ionesco grandit bilingue, et, en 1942, s’installe définitivement en France. C’est ici que La Cantatrice Chauve, La Leçon, Rhinocéros et toutes ses plus grandes œuvres seront écrites.

L’idée de la pièce « La Cantatrice chauve » est venue à Ionesco quand il essayait péniblement d’apprendre l’anglais par le biais de la méthode Assimil. Je suis curieuse de savoir si cette méthode, que l’auteur trouvait absurde à cause de ses dialogues décousus, a évolué depuis ? Quant à la pièce, elle se porte tellement bien que, depuis 1957, elle se joue sans interruption au théâtre de la Huchette à Paris.

Vous avez aussi sans doute pensé au sculpteur Constantin Brancusi. Il est né en Roumanie en 1876, près de Targu Jiu. Cette région du pays avait une longue tradition d’artisanat populaire. Les sculptures sur bois de cette contrée ont beaucoup influencé l’œuvre semi-abstrait de cet artiste. C’est à Targu Jiu, en Roumanie, que l’on peut visiter un parc avec trois de ses plus importantes créations : Colonne sans fin, La Porte du Baiser et La Table du silence).

Le sculpteur s’installe à Paris en 1905 ; l’atelier Brancusi fait maintenant partie des collections du centre Pompidou.

Et, finalement, j’ai une petite surprise pour vous – enfin, ça a même été une grande surprise pour moi ! – Vladimir Cosma, auteur de la musique de tant de films français dans les années 70, 80 et 90, est un Roumain d’origine, né à Bucarest. Fait curieux : il a été nommé Vladimir par son père par amour pour la culture française. Oui, française : ce n’est pas une faute de frappe. L’année de la naissance de Cosma, 1940, l’Ambassadeur de France en Roumanie portait le nom de Wladimir d’Ormesson (oncle de l’écrivain Jean d’Ormesson). 

En 1963 Vladimir Cosma déménage à Paris, où il poursuit ses études de musique. Sa première musique de film était pour « Alexandre le bienheureux ». Très rapidement d’autres succès ont suivi : Le Grand Blond avec une chaussure noire, Les Aventures de Rabbi Jacob, la Boum, La Chèvre, Les Compères, Les Fugitifs, Le père Noël est une ordure, Le Jouet, l’Aile et la cuisse, Le Dîner de cons et tant d’autres … On peut dire que Vladimir Cosma, un Roumain arrivée à Paris à l’âge adulte, a incarné - sur plusieurs décennies – une facette importante du cinéma français.

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